Au terme d’une enquête de plusieurs mois, neuf personnes ont été mises en examen ce jeudi à Senlis (Oise) pour escroquerie et dopage. Au cœur de l’affaire, les soupçons visent un entraîneur italien.
Un système de dopage équin bien rôdé? Au terme d'une enquête de plusieurs mois conduite par le Service central des courses et jeux de la Direction centrale de la police judicaire (DCPJ), neuf personnes ont été mises en examen par un juge d'instruction, ce jeudi, au tribunal de Senlis (Oise). Les chefs d'incrimination sont multiples : « escroquerie en bande organisée », « faux et usage de faux », « dopage équin ». Les faits auraient été commis entre août 2020 et février 2021.
Selon le procureur de la République de Senlis, Jean-Baptiste Bladier, 31 courses sont concernées par « un système organisé de dopage de chevaux de galop ». Au cœur de l'affaire, les soupçons portent sur un homme, Andrea Marcialis. Cet entraîneur professionnel italien de 37 ans, installé à Chantilly (Oise), est suspecté d'avoir fait injecter des produits dopants à ses chevaux avant les courses, avec la complicité de vétérinaires.
Aperçu une seringue à la main
« Il apparaît que pas moins de six chevaux ont été infiltrés avec des produits non déterminés, sans ordonnance, et dans un intervalle infiltration-course de moins de 14 jours », écrit France Galop, dans son bulletin officiel publié ce 10 mars. Au mois d'août 2020, le professionnel avait notamment été vu dans l'hippodrome de Saint-Cloud (Hauts-de-Seine) avec « une seringue de 20 ml à la main contenant un liquide transparent [...] qu'il a ensuite cachée dans son pantalon », précise France Galop.
Selon nos informations, Andréa Marcialis aurait gagné en 2020 trois millions d'euros de gains de course et avait une centaine de chevaux à l'entraînement. En garde à vue, l'entraîneur italien, placé depuis sous contrôle judiciaire, a reconnu les faits partiellement. Contactée ce jeudi après-midi, son avocate n'avait pas encore donné suite à nos sollicitations.
De son côté, la société organisatrice de courses hippiques a administré une première sanction à Andréa Marcialis. Ce dernier a « interdiction d'exercer son métier d'entraîneur public jusqu'au 5 avril 2025 » et doit régler une amende de 4000 euros.
Sur le plan judiciaire, l'ouverture de l'enquête préliminaire remonte à septembre dernier. Après des mois d'écoutes téléphoniques, de surveillance physique et de coopération entre services de police, France Galop et la Fédération nationale des courses hippiques, un vaste coup de filet a conduit ce lundi à l'interpellation de 14 personnes et à la saisie de trois chevaux.
Deux vétérinaires licenciées
Selon une source proche du dossier, Andréa Marcialis aurait mis en place « une véritable structure de dopage » avec la complicité de deux vétérinaires italiennes, employées de la Clinique internationale du cheval de Gouvieux (Oise), qui ont réalisé les injections sans ordonnance, en marge des courses.
« C'est très grave. Dès que nous avons été avertis de ces agissements, nous avons déposé plainte et avons procédé au licenciement des deux vétérinaires », réagit Pietro Sinistri, l'un des associés de la clinique. Les deux femmes, qui font partie des personnes mises en examen, ont nié les faits qui leur sont reprochés. Elles pourraient également se voir retirer leur droit d'exercice.
Parmi les autres protagonistes inquiétés par la justice, plusieurs femmes et hommes âgés de 30 à 40 ans sont concernés : des garçons d'écuries, des entraîneurs, des employés d'Andréa Marcialis… Lors des perquisitions menées chez ce dernier, les enquêteurs ont notamment mis la main sur « une véritable pharmacopée » avec « beaucoup de produits dopants interdits ».
Dixit le Parisien