Ici certain je pense plus jeune en on surement entendu parler ou à cette époque le Tiercé était le fer de lance du PMU. Pour ceux qui n'ont pas connu et pour raviver les souvenirs.
On l’appelait le « prince des parieurs », le « Robin des Bois du turf ». Dans la France noir et blanc des années 1960, Patrice des Moutis, dit « Monsieur X », a amassé des millions aux courses hippiques, contraignant le PMU à changer les règles du tiercé. À l’occasion du Prix d’Amérique 2021 qui aura lieu dimanche à Vincennes, retour sur l 'épopée un peu oubliée d’un génie qui a fini par se brûler les ailes.
C’était l’époque où jusqu’à 12 millions de Français couraient chaque dimanche au PMU. Trois coups de poinçons pour un tiercé, Léon Zitrone au micro, et tout un peuple qui rêve de trio gagnant. Patrice des Moutis, lui, n’en rêvait pas. Ce rêve, il se l’est fabriqué. Solo.
Cigare au bec, champagne à table, cet homme aux allures de gentleman avait trouvé le filon, la combine, la martingale pour les paris hippiques. « Ce serait un crime de ne pas en profiter », racontait-il fièrement
Panique au PMU
Aristocrate normand né dans l’Orne, ingénieur diplômé de l’École Centrale, ce dingue de canassons et spécialiste de calcul des risques auprès d’assurances s’est bâti à 38 ans une fortune en trouvant la faille du Paris Mutuel Urbain (PMU). 15 millions nets de gains au tiercé.
11 novembre 1958. Tout sauf l’Armistice pour le PMU. S’appuyant sur le théorème de Bayes pour maximiser les probabilités de gagner, Patrice des Moutis place la favorite en tête et joue toutes les combinaisons possibles avec une sélection de sept chevaux derrière
La méthode comporte une vraie part de risque, mais cet ancien driver et propriétaire de chevaux de course est un connaisseur : impasse sur 9 des 17 concurrents. Il joue 42 combinaisons à 200 francs, gonfle le tout avec un coefficient de 35, le secret de sa méthode, et mise 294 000 francs sur la table. Banco : 35 tiercés dans l’ordre, 35 dans le désordre. 27 millions de gains !
Et ça continue, encore et encore… 14 juillet 1961 à Granville : 500 fois le tiercé dans l’ordre, 2 500 fois dans le désordre. Des Moutis n’hésite pas à claquer des dizaines de millions, mais il en gagne des centaines
Panique au PMU. L’affaire remonte jusqu’à Edgard Pisani, ministre de l’Agriculture. Riposte légale par décret : une même combinaison ne peut plus être jouée plus de 25 fois.
Qu’importe : « Pat’ » va multiplier les tickets. Panache ou arrogance, il va jusqu’à expliquer la faille à l’inventeur du tiercé. Un certain Carrus, qui goûte très peu la blague. Guerre ouverte entre le génial arnaqueur et le patron des jeux
55 millions de mise, 492 millions de gains
1er janvier 1962. Dans 92 PMU, Patrice des Moutis remplit 92 tickets de six chevaux dans tous les ordres envisageables. 55 millions de mise, 492 millions de gains. Humiliation suprême : Carrus lui remet le chèque en personne. Nouvelle riposte ministérielle : interdiction des enjeux supérieurs à 60 francs sur un même ticket.
Le bras de fer bascule. Et le milieu n’est pas sourd aux 5 milliards d’enjeux annuels que brassent les courses. Ni aux millions amassés par le « serial winner ». OPA de la pègre sur le Lupin du turf. 7 décembre 1962 : 83 parieurs creusent un trou de 4,2 millions de francs dans la caisse du PMU. Chacun a misé 3 600 francs et en a empoché 49 000. Qui est derrière ce gang ? Des Moutis évidemment. Entouré de 45 repris de justice. Et pas que des petits bras.
Plainte illico du PMU. Contre X, pour tentative d’escroquerie et violation des règlements. D’où le fameux surnom de « Monsieur X », pseudo qu’il utilise au service du Meilleur, un journal de pronostics qu’il crée sur sa notoriété.
Des Moutis réussit la prouesse d’être interdit de jeux en France, en Grande-Bretagne et en Irlande. Mais le mors du jeu a du mordant. Ses proches lui servent de prête-nom.
142 jours de détention
Triste épilogue. Impliqué dans une affaire de paris truqués en 1973, il est envoyé derrière les barreaux de Fresnes deux ans plus tard. Peu de temps après avoir retrouvé l’air libre, un facteur le retrouve mort dans le parc de sa villa, le 17 octobre 1975, à Saint-Cloud, non loin d’un des fameux temples du galop.
Ses amis racontent que ses 142 jours de détention l’avaient anéanti. Mais les raisons de son décès restent aujourd’hui obscures. Les autorités ont conclu au suicide. Idem pour son fils, retrouvé mort après avoir mis en doute la fin officielle de son père.
Une semaine après sa disparition, Patrice des Moutis était appelé à comparaître à Marseille, au sujet d’un trio suspect à 2 millions de francs. Le coup de trop ?
DIXIT l 'édition du soir